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Limonov, séance du 26 janvier : la critique de Gilles !

  • Elise V. pour Gilles
  • 27 janv. 2017
  • 3 min de lecture

Un grand merci à Gilles pour son avis complet et documenté sur Limonov :

LIMONOV d’Emmanuel CARRERE. Prix Renaudot 2011

En lisant la quatrième de couverture de LIMONOV, la biographie/roman écrite par E. Carrère, j’ai eu du mal à croire l’auteur lorsqu’il dit que son héros existe bel et bien.

En effet, la vie de l’homme qui nous est proposée est tout sauf ordinaire et il faudrait plutôt parler de « vies » tant les rebondissements et aventures sont extraordinaires.

Mais une consultation du site Wikipédia me confirmera qu’Edouard LIMONOV a bien existé et qu’il existe encore ! LIMONOV le dit lui-même, sa vie est un mythe et il est encore libre et vivant contrairement à nombre de personnages du livre, disparus précocement.

Je me suis donc plongé dans la lecture du livre et page après page, j’ai été happé car le récit de cette vie est passionnant, même si on sent l’auteur plutôt sous le charme de son héros qu’enclin à dénicher le vrai du faux dans les écrits de LIMONOV.

Car enfin, quand je lis que LIMONOV a été tout à la fois, « poète délinquant à Kharkov, clochard et domestique à New York, écrivain sans le sou à Paris, putschiste à Moscou, soldat pro-serbe en Bosnie, fondateur du parti National-Bolchévique et enfin démocrate anti-Poutine empêché de se présenter à l’élection présidentielle, je me pose pas mal de questions !

Ne sommes-nous pas en présence d’un mégalomane à l’égo surdimensionné ? LIMONOV n’a-t-il pas pris quelques libertés avec la vérité pour se construire une vie/mythe digne des grands héros (tel le Comte de Monte-Cristo qu’il admire depuis son enfance) et surtout pour coller à l’âme russe dont il est question dans l’ouvrage d’Emmanuel Carrère.

Car enfin, « poète délinquant à Kharkov » est un peu éxagéré tant les exactions des petites frappes de Kharkov sont pathétiques. Pour ses actes, LIMONOV sera au pire gardé à vue par la police mais ne sera jamais jeté en prison eu égard à la position de son père au NKVD.

Il aurait été invité à quitter l’URSS, donc élevé au rang d’opposant sérieux au régime soviétique. Mais la vérité est que son départ vers les USA est volontaire et de son plein gré ; il l’explique à ses parents et craint de ne pouvoir jamais revenir au pays. Cette décision fait suite à la prise de conscience de l’importance de sa poésie au contact de la bohême kharkovienne de la librairie 41.. il doit émigrer s’il veut évoluer.

« Putschiste à Moscou » ? à quel moment LIMONOV peut-il réellement renverser le pouvoir en place et devenir le maître de Moscou ? on n’y croit pas sérieusement car ses relations sont faibles et non décidées à le propulser au devant de la scène, plus occupées qu’elles sont de leur propre avenir..

Malheureusement, l’épisode le plus crédible de sa vie est son engagement aux côtés des forces serbes dans la guerre de Bosnie et c’est celui qu’il tentera souvent de minimiser.

J’ai donc, pour ma part, énormément aimé la biographie de cet homme dans sa dimension « extra-ordinaire », écrite par E . Carrère avec beaucoup d’élégance et d’engagement.

Le personnage de LIMONOV conserve encore pour moi quelques aspects flous. Cet homme qui rêvait d’être militaire comme son père (il sera rejeté par l’armée en raison de sa myopie) n’a eu de cesse, tout au long de sa vie, de se construire une légende d’homme d’action, mais pour refouler quoi ? il a lui-même bâti sa biographie au fil de ses aventures et il nous fait rêver et n’est-ce pas l’essentiel ?


 
 
 

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